N’DALLA GRAILLE REND HOMMAGE À SON AMI YÉRODIA

 

 

Ndalla interview yerodia TEMOIGNAGE D'UN AMI DE LONGUE DATE.

Par A. Guy Mankessy

C’est par un heureux hasard que nous avons eu l’occasion de rencontrer le ministre Claude Ernest Ndalla Graille, ami de longue date de l’illustre disparu le sénateur Abdoulaye Ndombassi Yérodia, décédé le 19 février à Kinshasa.

Vêtu d’un manteau noir, un pull gris, pantalon velours gris, des clochards aux pieds, canne à la main, un chapeau noir en cuir cache ses cheveux blancs qui couronnent sa tête. L’homme n’a rien perdu de sa classe, ni de sa verve. L’accoutrement de saison lui donne les allures d’un armateur grec qui attend des nouvelles de ses bateaux au large...

Rassurez-vous il en est rien de tel à ces apparences trompeuses, car l’homme qui réside depuis un moment en France pour des raisons de santé est abattu par la perte d’un ami, un compagnon de lutte, un frère.   C’est donc entre un thé et un café dans son environnement intime, que nous avons pu lui poser quelques questions auxquelles il a bien voulu répondre, la gorge nouée par le chagrin et l’émotion contenue d’un homme à qui sa culture interdit de pleurer.

LP : Le sénateur Yérodia vient de tirer sa révérence ce 19 février 2019 à Kinshasa suite à une longue maladie. Comment avez-vous appris la nouvelle ?

Ndalla Graille : C’est par ma fille Claude que j’ai appris la nouvelle. Mais je tiens à dire qu’il n’est pas aisé de parler d’un ami, d’un frère ou d’un camarade dans pareilles circonstances. Cette nouvelle est un coup de massue pour moi, je le savais malade comme tout homme arrivé à un certain âge, mais je ne pensais pas qu’il allait partir de sitôt. Vous me direz qu’à 86 ans il a fait beaucoup de chemin mais tout être cher lorsqu’il vous quitte il n’est jamais tard c’est toujours trop tôt. Ma douleur est profonde, d’autant plus que je ne peux pas lui rendre un dernier hommage si ce n’est ce qu’à travers vous.

LP :  Que pouvez-vous nous dire du sénateur Abdoulaye Ndombassi Yérodia ?

Ndalla Graille :  Yérodia est né le 5 Janvier 1933 d’un père sénégalais conducteur de train de la compagnie ferroviaire Congo-Océan et d’une mère congolaise de la RDC évidement. Il fait une partie de sa scolarité à Pointe-Noire avant d’aller enrichir son cursus scolaire en France précisément à la résidence universitaire Jean Zay à Anthony. Adjoint du psychanalyste le docteur Lacan il épousera sa fille adoptive Gloire.

Militant de l’émancipation des peuples noirs, il milite pour les indépendances des pays africains. Rentré au pays il se rapproche des idéaux du premier ministre Patrice Lumumba. A son assassinat, il s’engage dans le maquis avec Kabila père. Il est chef de gouvernement en éxile dans le maquis

40 ans de clandestinité ou il a collectionné les identités avant de voir la lumière à la prise du pouvoir de Laurent Désiré Kabila en 1997. Ou il va cumuler les postes ministériels, dont le plus honorifique fut la vice-présidence de la république chargée de développement. Un révolutionnaire courageux fidèle à ses idéaux et à ses compagnons de lutte ce qui est rare en politique, ou la trahison est monnaie courante. C’était un homme généreux sociable, comme il aimait le dire en langue kongo pur à notre ami commun Samba Dacon je cite :« que lui donnait avec le cœur et non avec des pincements au cœur ».

LP : Pouvez vous nous citer un ou deux noms d’emprunts ?

NdallaGraille :  IL en avait plusieurs, de mémoire je peux en citer deux: Ntakou et Singama Louvila. Pour la petite histoire le ministre Matsika fut surpris de voir Yérodia sous le pseudonyme de Singama Louvila dans un journal de la Corée du Nord alors qu’il était parti voir Kim il Sung.

LP : Que dire de plus sur son parcours et quel bilan pouvons-nous faire sur le plan politique ?

Ndalla Graille : Il a eu un parcours riche avec des rencontres de haut niveau, Ché Guevara que nous avons tous connu, Zhou Enlai, et Kim Il Sung que j’ai personnellement connu et bien d’autres leaders à des moments plus que difficiles. Il fallait oser, convaincre et y croire. Il a eu le parcours d’un homme courageux.

Pour son bilan politique étant son ami je suis mal placé pour en parler.

LP : Quels souvenirs gardez-vous de lui ? avez-vous des photos ensemble ?

Ndalla Graille : En souvenir le soutien mutuel en des moments difficiles, nos débats, nos échanges de livres et les recommandations de certains auteurs. Sinon l’essentiel a été dit plus haut.

Oui nous avons des photos notamment, une où nous étions en train de fumer des cigares. Malheureusement je ne peux pas vous en procurer, après le déménagement sauvage de ma résidence, je ne sais pas dans quel état sont mes archives. Je crains que ces précieux éléments soient jetés en pâture.

LP :  Que dites vous à ceux qui ont traité le sénateur Abdoulaye Ndombassi Yérodia d’opportuniste et de faux mzéeiste ?

Ndalla Graille : Tenir de telles allégations c’est mal le connaître. Ces gens démontrent par cet acte une certaine inculture, une méconnaissance de nos traditions qui exigent du respect au mort.  Un peu de décence en période de deuil ferait du bien à tout le monde, l’heure est au recueillement.

A. GUY MANKESSI

Lettre du Pool Congo-Brazzaville Yerodia Ernest Ndalla Graille Guy Aurelien MankessyN’DALLA GRAILLE REND HOMMAGE À SON AMI YÉRODIA C’est par un heureux hasard que nous avons eu l’occasion de

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