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Hommage à Fernand MABALA

FERNAND, TU RESTERAS A JAMAIS DANS NOS CŒURS.

Fernand MABALA« AINSI SONNE LE GLAS »… UNE LEGENDE DE LA MUSIQUE CONGOLAISE S’EST ETEINTE CE DIMANCHE 4 AOUT 2019 À L’HOPITAL CHARLES FOIX À IVRY SUR SEINE DANS LA RÉGION PARISIENNE.

« Ainsi va la vie », « Ainsi sonne le glas ». La cloche qui sonne aux oreilles émet des sons de douleurs immenses dans les cœurs des mélomanes qui ne cessent de s’interroger sur le mystère de la mort.

Les familles des artistes musiciens du Congo et du monde de la sape sont à nouveau endeuillées par la perte de l’un de ses fervents ambassadeurs, Fernand Mabala « Le Grand Moumbafouneur », produit d’une jeunesse qui ose.

Très jeune, il a embrassé une carrière musicale pour se réaliser dans la vie. Rares sont les musiciens qui émergent et connaissent un succès sans être encadrés par un mentor du milieu. Par son caractère vrai, il s’impose dans un domaine où généralement les artistes musiciens peinent à captiver le public, et cela va lui réussir.

C’est un jeune qui parle aux jeunes, par la force de ses textes dont la profondeur dévoile à la fois une créativité empreinte de philosophie et de psycho sociologie. Contrairement, en effet, aux artistes de sa génération des deux rives du fleuve congo, Fernand Mabala livre des chansons qui vont au-delà des sempiternelles intrigues d’amour. Ses chansons mettent en lumière des préoccupations sociales notamment le travail comme seule gage de réussite sociale, la dureté de la vie pour les laissés pour compte, la débrouillardise pour s’en sortir, le pouvoir de l’argent, etc.

Tout commence avec son tube intemporel « Yatama » à la fin des années 80. Une chanson qui dresse le portrait d’un couple qui est contraint de se séparer par la force du destin. C’est, en substance, l’histoire d’un jeune homme qui est contraint de partir en France pour se donner une chance de réussite et simplement gagner sa vie. Il laisse derrière lui sa dulcinée qui fond en larme face à cette séparation tant redoutée. Mais, le jeune homme obstiné reste attaché à son projet de voyage, seule solution pour changer son destin et avenir plus radieux. Il entreprend de consoler sa belle et tente de la rassurer des lendemains meilleurs et de leur bonheur futur.

Ce trait d’artiste philosophe, partisan de l’effort, de Fernand MABALA se révèle encore mieux dans sa chanson culte « Ainsi va la vie »,  ou il dit

« je ne sais pas le jour ou je vais mourir.

 Ne m’en veux pas parce que je me débrouille mon cher.

C’est la sueur de front. Je ne vais pas me fatiguer de vivre.

Nous qui ne sommes pas des héritiers le peu que nous  gagnons,

c’est avec le charisme avec lequel nous sommes nés »...

Ces textes reflètent une réalité palpable qui touche la majorité des jeunes en quête d’un bien être qui très tôt les plonge dans le « rêve parisien ». Eh oui ! faute d’alternatives plausibles, Paris représente le nouvel eldorado d’une jeunesse désemparée par le chômage et la dureté de la vie.

Fernand MABALA a ainsi enchainé des tubes à succès. Dans le registre poétique des sentiments, il scèle son triomphe à travers le récit d’une histoire d’amour de jeunesse que symbolise le titre d’une de ses chansons « Petite Mbemba ». Une étoile va naître et une carrière va se dessiner, il devient vite l’icône de la génération 80/90.

Fernand, c’est cette forte personnalité, un tempérament de gagnant, cette rage de vaincre et de convaincre, un homme de défi.

Raconter Fernand MABALA c’est aussi mettre en lumière « l’homme de son temps ». Et comme tout jeune congolais, l’art de s’habiller et la passion du beau qu’incarne le mouvement de la Sape, va distinguer le jeune artiste de bien d’autres. On peut le dire, Fernand avait réussi à être reconnu par la société des « allureux ». En témoignent encore les nombreuses vidéos et photos depuis 30 ans.

A ce sujet, on ne peut manquer de revisiter l’épisode clé du défi relevé par l’artiste à peine arrivé dans la profession dans les années 80 quand il lance un duel » hors pair au vétéran de la musique zairoise à l’époque, King KESTER EMENYA, sous forme de match d’aller- retour à Brazza-Kinshasa de télé-Congo à télé Zaire à l’émission « Kin Show ». Un défi à deux épreuves : musicale et vestimentaire. On se souviendra de son apparition à kinshasa bien chaussé et bien habillé des plus grandes griffes. Il en sortira vainqueur, et gagnera son inscription dans la catégorie respectée des artistes musiciens sapeurs.

LA FRANCE : L’ABOUTISSEMENT DU DESTIN DE L’HÉROS DE « YATAMA »

Au regard de son parcours il y’a de quoi se demander si le héros de la chanson « Yatama » ne serait-il pas Fernand MABALA lui même?

Fin des années quatre vingt, l’homme à l’instar du héros de sa chanson mythique « Yatama » s’installe en France. Comme tout le monde, il travaille dure sans complexe. Il se stabilise ensuite dans une activité quotidienne à l’aéroport de Roissy et fonde sa famille. Difficile de conjuguer son activité professionnelle avec la vie d’artiste, il met en bémol sa carrière musicale au grand regret des nostalgiques de sa musique. Il fait des « allers et retours » au pays, joue quelques « playbacks » ici et là et continu à faire trémousser les « ambianceurs » au rythme de sa danse «Patakani, binza ». Un pas en avant un pas en arrière… Mais cela ne suffit pas, il est harcelé par ses mélomanes pour un retour sur la scène.

En 2018, il rentre au studio sous le mystérieux label « MGA » pour livrer un dernier message à ses mélomanes, un adieu de la dernière inspiration du gentleman de la musique congolaise.

Ce dernier album de 7 chansons est intitulé « Fais toi plaisir ». Un titre révélateur qui interpelle comme s’il savait que ses jours étaient comptés. C’est donc le dernier message qu’il laisse à ses mélomanes.

Une fois de plus, un artiste talentueux s’en va. Les vicissitudes d’une vie impossible a bien souvent conduit bon nombre de nos jeunes talents à aller chercher bonheur ailleurs et souvent dans l’abandon de tous.

La Lettre du Pool est tout autant attristée de constater que nos artistes musiciens sont plus adoubés morts que vivants. Combien sont-ils les congolais qui se soucient par exemple de Aurlus MABELE qui vit depuis quelques années des pénibles moments pour des raisons de santé.

Personne ne vient en aide à nos artistes quand ils en ont le plus besoin par contre que de longues pluies d’éloges une fois leur décès annoncé. C’est dommage.

A.      Guy Mankessy

 

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